INTERVIEW CROISÉE AGATHE WEIL X FRÉDÉRIC FOUGERAT
Pourquoi la présence du handicap reste-t-elle encore très anecdotique dans la communication ?
Agathe Weil : La communication donne encore souvent une image réductrice d’une société idéalisée, selon une vision formatée par la pub, le cinéma, la télé… avec des personnes jeunes, minces, en pleine forme… Une communication responsable sera plus authentique, plus représentative de la vraie vie, avec des personnes plus conformes à la diversité réelle de la société. Mon rôle de communicante est de veiller à donner à une marque une image à la fois valorisante et authentique. Ce travail ne peut qu’être bénéfique pour la marque, permettant à plus de cibles de s’y retrouver, et ainsi adhérer à ses messages.
Frédéric Fougerat : Le communicant est un décideur. Donner au handicap une visibilité dans ses communications est une décision politique du communicant, qui est à la fois observateur mais aussi prescripteur.
Notre regard sur le handicap doit changer, et nous, communicants, nous avons ce pouvoir de faire évoluer les regards, et donc la société. Nous pouvons le faire avec force et délicatesse à la fois, avec subtilité et détermination, avec attention et conviction.
Faut-il être inclusif dans sa communication ?
Frédéric Fougerat : La communication doit permettre à une société de se reconnaitre, de s’identifier, se retrouver. La vraie question n’est pas celle de l’inclusion, mais celle de l’exclusion. Nous n’avons pas à inclure les handicapés dans une société dont ils font partie. Nous devons, en communication leur donner la place qui est la leur comme n’importe quel autre citoyen.
Agathe Weil : Montrer le handicap ne doit pas se limiter aux communications sur le handicap. La présence du handicap devrait être permanente. Il faut savoir être subtile, et intégrer la représentation du handicap, sans la surexposer, ou sans donner le sentiment de se justifier ou d’en faire un coup de Com : « Nous, on montre des handicapés ! »
N’est-ce pas réducteur de prendre systématiquement l’image de personnes en fauteuil roulant pour illustrer le handicap ?
Frédéric Fougerat : Oui, c’est réducteur. Mais c’est un symbole universel, immédiatement compréhensible par tout le monde. En réalité l’image du fauteuil vient illustrer directement la question de l’accessibilité et indirectement celle du handicap. Il nous faudrait être plus créatif, mais sans dénigrer ce qui fonctionne déjà et qui est efficace.
Agathe Weil : Par définition, le handicap invisible ne se voit pas. Il apparaît donc plus complexe de l’illustrer. Pour essayer de donner la meilleure représentation d’un sujet, il nous importe de bien comprendre l’intention. S’il s’agit de communiquer sur la diversité de la société dans sa réalité, une image même symbolique suffira à servir l’objectif. Si la communication concerne plus largement la question du handicap, là, c’est la diversité des handicaps qui devra être montrée.
Communication et handicap - interview croisée d'Aga
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