FRÉDÉRIC FOUGERAT INVITÉ DU LAB 24
Message de clotûre du LAB24, la nuit de l'Observatoire de la communication publique numérique, par Frédéric Fougerat
Merci d'accueillir un ancien de la ComPublique. Merci à Franck Confino pour son invitation à venir conclure cette ambitieuse immersion au cœur de la communication publique numérique.
En me demandant de faire la synthèse du jus de cerveau pressé pendant la soirée, j’avais pour consigne discrète de rappeler que la Com est un métier !
Je ne savais pas si j’allais vous saouler, vous rassurer ou vous amuser avec ce discours que je recycle à l’envie.
Reste que j’y ai été très encouragé par nombre d’entre vous durant toute la soirée. Tout ce que j'ai entendu ce soir en déambulant va dans ce sens et le prouve.
Oui la Com est un métier. Un métier et une fonction d’écoute, d’observation, d’empathie, des qualités indispensables pour créer de la relation.
Être à l’écoute ne veut pas dire se faire dicter son travail, mais permet de connaître ses cibles et comprendre son environnement. L’humilité n’est pas incompatible avec l’autorité professionnelle qu’il nous fait savoir assurer et assumer.
Ce soir nous n’avons pas fabriqué d’outils, ce à quoi la Com est souvent réduite dans l’inconscient collectif. Nombre de citations affichées dans les couloirs de l’évènement en témoignent.
Ce soir, nous avons produit de l’intelligence.
Parce que c’est ça notre métier.
C’est d’abord produire de l’intelligence.
C’est ce qui fait de la communication une fonction stratégique et non un service support.
La Com est un métier. Quelle nouvelle !
Personne ne l’ignore ici.
Pourtant ce message est bien difficile à faire sortir de nos cercles de communicants.
La communication est un écosystème de métiers avec plein de facettes. La Com numérique en est une.
La Com numérique est un métier ou une compétence, composante des métiers de la Com.
Mais comment le faire comprendre à un ou une DGS, ou à des élus qui vous expliqueront que parce que leurs enfants sont sur Facebook, ils vont leur demander leur avis sur votre stratégie sociale ?
Comment expliquer que dans le public, comme dans le privé, on recrute des professionnels de la communication pour ensuite soumettre leurs compétences à des non professionnels de la Com, voire même à des enfants !
Manifestement il nous appartient de mieux communiquer, aussi, sur nos métiers pour nous faire connaître et reconnaître.
L’exercice de la communication de crise est une opportunité pour valoriser notre professionnalisme.
Le numérique aussi.
La techno, le jargon, le juridique autour de la com numérique sont autant d’opportunités de démontrer la singularité professionnelle de la Com.
Je ne vais pas pouvoir faire la synthèse de tous les ateliers. Mais je suis allé picorer des infos en fonction de ce qui me touche le plus, là où il y avait foule, et là où l’intérêt semblait moins évident.
Cela a été dit en introduction, le regard sur le handicap et l’absence de volonté politique sur l’accessibilité sont affligeants dans notre pays.
Peut-être faudrait-il commencer par changer notre regard. Arrêtons de considérer les handicapés comme des personnes qui ont certaines choses en moins. Aux Émirats Arabes Unis, on les nomme People of Determination. Des personnes qui ont assurément quelque chose en plus ! La détermination.
Alors pour l’accessibilité dans la Com numérique publique, notre sujet du jour, commençons par éviter des erreurs de base et avoir de bonnes pratiques :
- Ne jamais oublier de décrire les images !
- Éviter les gras et polices originales,
- Limiter l’écriture inclusive aux termes épicènes ou à la rédaction des noms masculins et féminins. Renoncez aux points médians ou points milieux, ils rendent inaccessibles des contenus qui se veulent inclusifs et qui sont en réalité excluants. Cela perturbe les lecteurs d’écran, et pollue la synthèse vocale.
Autre sujet : les réseaux sociaux.
N’omettez pas l’aspect social des réseaux. Notamment, répondez, interagissez avec vos communautés.
Privilégiez les bonnes pratiques sur un nombre limité de réseaux, plutôt qu’une présence massive sur tous les réseaux, en sacrifiant la qualité pour la quantité.
Côté réseaux sociaux et numérique en général, une des recommandations les plus importantes écrite sur le mur était : « coupez les notifications ».
Je vous assure qu’on est moins cinglé et que cela change tout, sauf l’efficacité, d’aller consulter régulièrement ces messages, plutôt que les voir tomber en continu.
Pour l’éditorial en général. La qualité de l’écriture, et sa compréhension par le plus grand nombre est un enjeu. Des 15-25 ans aux seniors, on communique toujours pour créer de la relation, pour se faire comprendre par le plus grand nombre. Pas pour se faire plaisir ou faire plaisir à un élu.
Rester donc accessible aussi par le langage.
N'inventez pas « une forêt urbaine » pour parler de l’inauguration d’un parc. « Espace vert » est très compréhensible aussi !
À chaque fois que vous céderez à un élu qui voudrait vous imposer une néo langue, ce sera un échec de ComPublique.
Mais ne vous braquez pas, évitez l’affrontement direct qui donnera certainement l’avantage à l’autorité politique. Proposez plutôt de tester pour confirmer que l’idée est bonne ? Peut-être que vous vous trompez ! J’en doute. Mais au moins vous disposerez d’un retour neutre et factuel, plus facile à faire accepter.
En passant du côté de l’éco conception, j’ai retenu que chaque éco geste compte évidemment. Et que la com publique se doit d’être exemplaire. Mais attention à ne pas se donner trop rapidement bonne conscience parce que vous avez tout misé sur l'éco-conception.
J’ai appris sur le stand green IT, pas le plus fréquenté ce soir, qu’on sait compter le carbone. Mais le véritable enjeu est ailleurs.
L’enjeu est plutôt de compter les matières premières qui s’épuisent.
80% de l’impact du numérique vient de la phase de fabrication. Pas de l’usage. En sommes-nous bien conscients ?
Il est notamment essentiel de savoir où est hébergé son site web.
En France ou à proximité dans un data center responsable ? avec des indicateurs publics et partagés ? Voilà des points à ne pas ignorer.
Ce soir nous avons aussi beaucoup parlé d’intelligence artificielle. Saviez-vous que L’IA peut avoir un impact sur votre cyber sécurité ?
Savez-vous que l’IA est capable d’aller violer des données au sein de votre organisation, Si les infos n’ont pas été correctement cloisonnées, protégées… ?
Ce sujet très IT concerne directement les communicants autant pour les plateformes qu’ils utilisent que pour les crises qu’ils pourraient avoir à gérer.
Je pense que l’intelligence artificielle ne remplacera jamais l’intelligence réelle, qu’il nous appartient toutefois de pas abandonner par facilité ou paresse intellectuelle justement.
Ceux qui par facilité, notamment, ont abandonnés leur éthique et leur mission d’information, sont les nombreux journalistes qui, depuis des années, au lieu d’informer, politisent l’actualité jusqu’à la façonner, pour ensuite mieux la commenter et nous entraîner dans l’anxiété, la peur, la peur de l’autre, inciter à la violence, à la haine…
Alors peut-être, je dis bien peut-être, que la responsabilité des communicants publiques, par leur éthique et leur proximité qui inspirent confiance, sera de plus en plus, aussi, celle de la juste information face à l’irresponsabilité de certains médias.
Pour reboucler avec l’introduction de Marc Thébault, j’ai retenu que l’Intelligence collective, ce n’est pas de l’intelligence collectée. Ce soir, c’était assurément de l’intelligence rassemblée, grâce à vous et à L’Observatoire de la ComPublique numérique que nous pouvons remercier.
Paris, le 14 juin 2024.