LA PRESSE EST-ELLE RESPONSABLE ?
Investigations, informations et débats d'opinion,
ou affirmations, communication voire manipulation de l'opinion ?
Avec la dernière Une du magazine Le Point "EST-IL SI NUL ?", titre en lettres capitales jaunes sur une photo-portrait du président de la république, deux questions devraient se poser à nous :
- La liberté de la presse a-t-elle des limites ?
- De quoi la presse est-elle responsable ?
Dans une démocratie, ou la parole est libre et ou la presse jouit pleinement de cette liberté, c'est la déontologie de chaque journaliste, des rédactions, puis de la profession elle-même qui doit fixer les limites.
En titrant à propos du président de la république "EST-IL SI NUL ?", même si l'exagération de la question induit une part de réponse négative, elle participe volontairement ou involontairement à une entreprise de destruction massive de la fonction présidentielle, de la plus haute autorité de l'état, et donc de l'état lui-même.
Par conséquent, c'est une remise en cause de la légitimité même du suffrage universel et de la démocratie, dont la presse tire pourtant la garantie de sa liberté.
Nicolas Sarkozy aurait-il perdu tout crédit international, la confiance de l'intégralité des français, et tout soutien parlementaire, pour justifier d'associer son nom au mot "nul" ? La réponse évidemment est non. Même ses opposants politiques les plus durs admettront à minima, qu'il dispose par exemple d'une majorité parlementaire. Le terme "nul" est assurément inaproprié; il est abusif. Les journalistes peuvent-ils réellement ignorer le sens des mots et l'impact d'un tel titre sur une Une affichée sur tous les kiosques ? Y a-t-il là une réelle volonté d'information, ou d'autres intentions ?
Malheureusement, en ne respectant plus la fonction présidentielle, on ne respecte plus le principe du suffrange universel.
Ne pas respecter celui qui a été élu par les Français pour nous représenter, c'est ne pas nous respecter nous-mêmes.
Dénigrer de plus en plus systématiquement, voire outrancièrement, l'autorité du chef de l'état, c'est aussi affecter le principe même de l'autorité.
Comment ensuite demander aux plus jeunes de respecter leur parents ou leurs enseignants ? Si nous ne respectons plus rien, si nous ne nous respectons plus nous-mêmes, pourquoi devrions-nous espérer être respectés ?
La presse ne pourra pas s'affranchir longtemps de toute responsabilité, dans cette situation, qu'elle ne porte pas seule, certes, mais qu'elle nourrit.