LEADERSHIP : FRÉDÉRIC FOUGERAT, INVITÉ DE B SMART LE 29 NOVEMBRE

26 novembre 2023

Pourquoi un manager ne doit-il jamaos paraître faible dans l'entreprise ?

Réponse, mercredi 29 novembre sur B Smart. Le débat de l'émission auquel est invité Frédéric Fougerat, président de Tenkan Paris, a été inspiré par une chronique publiée sur Linkedin par Sébatsien Beaujault, consultant médias sociaux et ghoswriter, dans laquelle Frédéric Fougerat confie : " Je n suis pas si fort que ça ! "

Au moment de la publication de ce chronique, Sébastien Beujault précisait : " Je ne devais pas m'attendre à autre chose, en nommant ma newsletter Linkedin : "pensées secrètes" ! Mais, très sincèrement, je ne pensais pas ouvrir, autant, le champ de l'intime.

C'est indéniablement le cas, pour cette 3ᵉ édition. Comme chaque vendredi, je prête mon espace d'expression à un profil différent.

Cette semaine, Le Monsieur (Frédéric Fougerat) qui a accepté mon invitation est un expert en communication. Mais surtout un être riche, bienveillant et qui n'a qu'une parole.

Il divulgue au fur et à mesure de ses publications, ici et ailleurs, des conseils à forte valeur ajoutée. Il infuse joie de vivre et bonne humeur.

Mais, derrière les sourires…

Belle lecture ". Sébastien Beaujault

Je ne suis pas si fort que ça !

La vie réserve bien des surprises, notamment pour les personnes qui, comme moi, n’ont pas programmé leur parcours, avançant plutôt à l’instinct, à l’opportunité, à l’affect…

Si mon parcours professionnel peut paraître assez simple (15 ans de directions de cabinets d’élus et de communication publique, puis 20 ans de directions de communication de groupes internationaux), il n’en est rien.

Pour commencer, avoir décidé de renoncer à mes études de droit pour me lancer dans les radios libres était un pari plus que risqué, que seule l’insouciance de la jeunesse permet.

Sans formation académique ni le moindre diplôme, les portes de l’emploi ne m’étaient pas grandes ouvertes. C’est pourtant la communication publique qui m’a tendu les bras, voyant en moi un pro de la Com, parce que j’étais issu d’une radio.

Quelles étaient vraiment mes compétences à ce moment-là ? Alors je travaille, j’apprends, je deviens un compagnon professionnel utile et rassurant, par sa disponibilité, son engagement, sa franchise, sa loyauté, son humeur imperturbable (en apparence), son caractère affirmé, indispensable pour être respecté par des présidents d’exécutifs.

En choisissant de servir des leaders, j’ai aussi décidé d’être un coéquipier. Ne pas se prendre pour le calife à la place du calife. Savoir garder sa place. Savoir garder des secrets.

Comprendre que la loyauté et la fidélité ont plus de valeur que l’expertise professionnelle, qui s'acquiert avec l’expérience.

C’est selon les mêmes principes que se construira la suite de mon parcours professionnel dans le secteur privé. 20 ans dans 6 groupes internationaux, dont 5 avec le même président.

C’est aussi cela, la fidélité et la loyauté. 20 ans de travail très dur. Un engagement absolu. Un investissement total pour les entreprises dont j’ai eu la responsabilité de l’image et de la notoriété.

20 années durant lesquelles j’ai pu être envié : « Voyager plusieurs fois par mois à travers le monde, c’est génial comme vie ». Qui a pensé à quel point c’est fatigant, épuisant, de parcourir le monde ? Europe, Chine, Inde, Moyen-Orient, États-Unis… Qui s’est demandé ce que ça fait d’être jet-lagué en permanence, mais de rester éveillé et souriant tous les jours, en toutes circonstances, et de suivre ses dossiers à Paris et dans le monde ?

20 années durant lesquelles j’ai pu être admiré : « Whaou, encore un prix, encore numéro un d’un classement… et de Forbes en plus ! ». Mais qui sait au prix de quels sacrifices ?

20 années durant lesquelles j’ai parfois été considéré comme un superhéros : « Comment fais-tu pour assurer dans ton boulot, écrire des livres, être hyper actif sur les réseaux sociaux, enchaîner les plateaux de télévision et studios de radio… ? ». Mais qui a imaginé que l’énergie qui me porte m’a aussi petit à petit ruiné la santé, épuisé moralement ? Que chaque passage TV me rend malade, mais aussi, à l’inverse, que l’écriture de livres n’est pas du tout pour moi un travail, mais plutôt un soulagement du trop plein d’idées qui m’encombrent et qu’ainsi j’évacue ?

En réalité, rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît. Ce qui est certain, c’est qu’on est souvent bien moins fort que ce que les autres peuvent penser. Mais paraître fort fait partie du jeu.

Ce qui poussent parfois certains à se droguer, ce que je n’ai pas fait, ou à se faire accompagner par des psychologues et des psychiatres, ce que j’ai fait, pour tenir et pour durer. Paraître faible dans l'entreprise est probablement la première des inquiétudes pour des cadres dirigeants, qui par ailleurs confondent souvent faiblesse et fragilité. Peu importe, il faut paraître fort !

Ma véritable force aura peut-être été de réaliser, avec le soutien de mes proches, de ma famille et de mes équipes, que le pire doit s’éviter avant, et non après, qu’il ne se produise ; qu’aucun travail n’est plus important que la santé ; que la course à la performance, même inconsciente, doit s’arrêter avant qu’elle ne vous arrête.

Plus la dynamique professionnelle est forte, plus il est difficile de l’accepter.

Il y a un an, j’ai décidé de changer de vie. Était-ce une sage décision ? Était-ce le bon moment ? Certainement !

Décider de ne plus vivre sous stress sept jours sur sept. Décider de me réparer. Décider de me consacrer davantage à la transmission et au partage de mon expérience à travers des conférences, en France et à l’étranger ; l’écriture de livres, lus dans plus de 25 pays ; l’aventure entrepreneuriale, pour accompagner d’anciens collaborateurs à prendre leur envol et devenir des décideurs de la communication de demain. Rester actif et même très actif, mais autrement.

Cette décision de grand changement a clairement marqué le premier jour du reste de ma vie, qui n’aura plus jamais le même sens, mais qui sera toujours guidé par le même verbe d’action : décider.

Frédéric Fougerat